chronique: le rock progressif

Publié le par Spikehead

Parmi les différents styles musicaux qui parsèment les bacs de tout bon disquaire, le rock progressif est un peu le parent pauvre de la médiatisation. Pas de pub, peu de passage sur les ondes. Et pourtant il s’agit d’un monde à part entière, un monde que vous allez pouvoir aborder, là, tout de suite, maintenant. Merci qui ?

Le choix aurait pu être fait de décrire en long en large et en travers ce qu’est le rock prog’ (il faut dire ça comme ça pour paraître initié !). Mais non, on ne va pas le faire. Bon, il faut quand même passer par une petite phase descriptive nécessaire pour bien l’appréhender. Le rock prog’ est une musique aux multiples rythmes à l’intérieur d’un même morceau...d’où le nom de « progressif ». L’impression générale est que le morceau est lent, beaucoup plus lent qu’une chanson de Britney Spears... Quelle référence ! D’où une certaine impression de mélancolie qui ne manquera pas de saisir l’auditeur averti. En fait, si le rythme est lent, c’est que les musiciens prennent leur temps. Pas de pression des majors pour sortir un tube de moins de quatre minutes. Certains morceaux durent ainsi 10,20 minutes.

Passons aux instruments. L’électronique, bien que présente, laisse le devant de la scène à l’électrique. La guitare, parfois en duo, y joue un rôle primordial et il n’est pas rare qu’un chanteur laisse sa voix de côté au bénéfice de ces cordes bénites. La basse joue un rôle plus important que dans les autres styles musicaux. Elle participe ainsi activement à l’atmosphère d’un morceau ou d’un album. La batterie donne le rythme, rien d’autre à dire. Quant au synthé, on trouve deux écoles. La « Old School » met cet instrument en avant mais avec quelques sonorités Bontempi. La « New School » se sert bien évidemment des claviers mais en arrière plan, pour participer à l’atmosphère.

Les groupes mythiques

Si vous ne devez citer qu’un seul groupe, n’hésitez pas une seule seconde et donnez celui qui a donné ses lettre d’or à ce style. Quel est ce groupe ? Pink Floyd ! Bon il faut plutôt prendre l’époque Waters ou celle de Gilmour que celle plus psychédélique de Sid Barrett. La manière de joueur tend au génie, les instruments sont maîtrisés à la perfection. Dommage seulement que Gilmour (chant et guitare), Wright (synthé) et Mason (batterie) préfèrent placer leur argent plutôt que sortir un nouvel album. Pour vous donner une idée réelle de ce qu’est le rock prog made in Pink Floyd, oubliez les standards « Wish you were here » ou « Another brick in the wall part 2 » et préférez plutôt « Shine on you Crazy Diamond », « Comfortably Numb » ou « Sorrow ». Mieux, écoutez chaque album car les morceaux prennent toute leur dimension dans un ensemble.

Un autre groupe très connu a participé lors de ses débuts à populariser le rock prog’. Il s’agit de Genesis. Bon aujourd’hui, c’est catalogué Pop mais au départ c’est du vrai progressif.

D’autres groupes ou chanteurs ont traversé le temps avec plus ou moins de réussite. On peut citer Marillion qui a connu une certaine gloire pendant les années 80. Mais une séparation entre son chanteur vedette et le reste du groupe a été néfaste aux deux. Du coup, aujourd’hui, Fish, le chanteur déchu,et Marillion, avec Steve Hogarth au chant, vivotent chacun dans leur coin. A écouter d’eux : « Cliché » ou l’album « Sunset of empire » de Fish ou « The Space » et l’album « Brave » de Marillion.

La relève

Un groupe s’affirme comme la relève du progressif. Il s’agit de Procupine Tree avec son chanteur-compositeur-guitariste Steve Wilson. Ce dernier devient inévitable sur la scène prog’. Il a par ailleurs participé à des albums de Fish et de Marillion. Il faut cependant nuancer cette notion de relève. Si les quatre premier albums étaient assurément progressif, les trois suivant ont montré une certaine évolution. « Stupid Dream » et « Lightbulb sun » sont plus pop malgré morceaux d’anthologie (« Stop Swimming », « Russia on Ice ») alors qu’ « In Abstentia » est plus violent. Ce qui n’est pas étonnant vu la complicité régnant entre Steve Wilson et le groupe Dream Theater (groupe métal mais qui a presque fait du progressif avec l’album « Falling into Infinity ». Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une valeur sûre. On peut citer également d’autres groupes connus de la scène prog ’. Pendragon, IQ ou Arena. Certains musiciens se réunissent même de temps en temps pour certains projets ponctuels (Transatlantic et ses deux albums).

A côté de ça, d’autres groupes tendent vers le rock prog’ alors que ce n’est pas leur style originel. Parmi ses (re)conversions réussis, on peut citer The Gathering , groupe hollandais , Anathema avec « A Natural Disaster », A Perfect Circle avec « Thirteen Step » et Opeth avec « Damnation » ou encore Melissa auf der maur et son excellent «Auf der maur» Il faut signaler qu’un certain Chris goss a participé à ce dernier album...

Cette chronique ne serait pas complète le prog’ français n’était pas abordé. Autant être clair : c’est le néant à une exception de taille. Et cette exception à un nom presque devin : Ange. Ca fait quelques années que le père Descamps sort régulièrement des albums et il possède sa petite communauté de fan. Les textes sont... particuliers mais la musique est très bonne. L’album « Culinaire Lingus » vous donnera une petite idée de ce que ça donne. D’ailleurs un certain Steve Wilson a participé à l’album, sur deux morceaux.

Le Rock Prog’ possède donc son identité, son style, ses groupes et ses fans. La médiatisation n’est pas toujours au rendez-vous mais la qualité est présente. Il faut d’ailleurs saluer l’initiative de certains fans qui ont créé une radio internet 100% prog’ (désolé pour la Grosse Radio) dont voici l’adresse : www.thedividingline.com. Elle annonce sur sa page principale « Progressive Rock is not Dead ». Tout un programme !

Publié dans NW: nouveauté

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